En ce moment, je commence une mission longue au sein des équipes d’une belle licorne européenne. Un projet qui me fait vibrer, car il combine deux de mes terrains de jeu favoris : le design organisationnel et l’excellence opérationnelle, du product et de la tech, troooop bien ! Tout ça dans un contexte international en hypercroissance (x10 en cinq ans, autant dire que ça va vite… très vite).
Ce genre de début de mission est toujours un moment à part. Enthousiasmant, parce que le sujet est riche, complexe, et que les gens sont inspirants. Mais c’est aussi un peu comme monter dans un roller-coaster après un repas copieux… intense jusqu’à la nausée. «Overwhelming», comme disent les anglo-saxons. Absorber un tsunami d’infos, retenir les noms de dizaines de personnes («tu es…?»), déchiffrer un jargon maison digne d’un Escape Game, lire des montagnes de docs, observer les dynamiques… et être opérationnelle dès le premier jour.
Spoiler alert : ce n’est pas ma première fois. Quand j’ai rejoint Spotify, on m’a catapultée dans l’organisation de Product Days dès mon arrivée. Plongée directe dans le grand bain ! Ici, c’est un peu pareil : on attend que je sois sur le terrain tout de suite, impactante dès le départ.
Alors, dans ce genre de contexte, comment poser les bases d’une intervention réussie ? Voici mon kit de survie :
1. Observer, écouter, décoder
Les premiers jours, c’est la phase d’immersion. C’est comme arriver dans une nouvelle ville : tout est à explorer, mais il faut d’abord comprendre la carte pour ne pas se perdre. Alors, je commence par poser des questions, beaucoup de questions, et je prends des notes (de préférence lisibles… mais pas toujours).
✓ Quels sont les sujets qui inquiètent ou motivent les équipes et les leaders ?
✓ Où se cachent les tensions ou les blocages ?
✓ Quels sont les rituels et habitudes de collaboration… et ce qu’ils disent des valeurs de l’entreprise ?
✓ Quels process sont affichés et lesquels sont réellement suivis ?
✓ Et enfin… quels sont ces fichus acronymes ? (Sérieux, un jour je publierai un dictionnaire des sigles incompréhensibles.)
Petit moment marquant : lors d’une réunion un acronyme revenait en boucle sur un tableau. Je demande : «Qu’est-ce que cela signifie exactement pour vous ?» Et là… révélation : personne n’avait la même définition. Jackpot ! On a pu clarifier ensemble un concept fondamental.
Mon truc : multiplier les discussions avec des interlocuteurs variés – leaders, opérationnels, parties prenantes. Et toujours poser LA question magique : «Qui me conseilles-tu de rencontrer ensuite, et pourquoi ?«
2. Être impactante dès le premier jour
Comprendre vite, oui. Mais aussi apporter de la valeur immédiatement. Les clients n’attendent pas que vous soyez 100 % rodée pour voir des résultats. C’est stressant… mais c’est aussi grisant.
Retour chez Spotify : organiser les Product Days, c’était un challenge XXL. Entre aligner tout le monde, coordonner les équipes et animer les discussions, j’ai jonglé comme dans un numéro de cirque. Mais grâce à une préparation millimétrée (et des plans B… C… voire D), l’événement a été un succès. Ça a aligné les priorités, renforcé les connexions avec les PM… et posé mes bases dans l’orga.
Ici aussi, on m’a demandé de faciliter un atelier dès la première semaine. Familiarité avec tous les enjeux ? Pas encore. Mais en écoutant, co-construisant et misant sur la clarté, j’ai pu apporter ma première pierre utile.
Mon mantra : trouver un «quick win» – une petite action avec un impact rapide, quelque chose qui soulage rapidement un point de douleur de l’organisation.
3. Garder une vision systémique
Dans le rush des débuts, on peut facilement se perdre dans les urgences. Mais pour accompagner une organisation, il faut savoir lever la tête du guidon.
✓ Comprendre les interactions entre les sous-systèmes : Comment produit, engineering, design et data collaborent-ils ? Des silos ? Des dépendances bloquantes ?
✓ Aligner les priorités à la stratégie globale : Cohérence entre court terme et vision long terme.
✓ Identifier les vrais leviers d’amélioration : Parfois, ce qui semble être un simple bug cache un problème structurel ou culturel plus profond.
Un exemple : chez un précédent client, un backlog produit à priorités mouvantes m’a menée à creuser plus loin. Conclusion : derrière le chaos des tâches, une stratégie floue à l’échelle du département. On a bossé sur la vision, les objectifs clés et l’alignement global… et pas juste sur le backlog.
4. Construire la confiance
Parce que les relations humaines, c’est 80 % du boulot (au moins). La confiance, ça ne se décrète pas. Elle se construit, petit à petit :
✓ En expliquant ma démarche, sans jargon.
✓ En reconnaissant ce que je ne sais pas (encore).
✓ En co-construisant plutôt qu’en imposant des solutions toutes faites.
Et pour réussir cela mon arme secrète c’est le feedback.
Démarrer une nouvelle mission, c’est un peu comme se jeter dans une rivière agitée. Il faut nager, observer le courant… et trouver son flow. Mais chaque instant est une opportunité d’apprendre et de créer de la valeur.
Et vous, c’était comment votre première semaine au taf ou votre dernier projet complexe ? Une plongée dans le grand bain ou une balade de santé ? Racontez-moi, j’adorerais lire vos anecdotes… avec ou sans acronymes !