Septembre sonnera la fin des vacances et le retour au bureau du petit monde de la tech. Un mot sera sur toutes les lèvres : «stratégie». L’arrivée de Q4 rime avec bilans annuels, analyses de performances et revues de roadmap Produit, Tech, Marketing, Sales..
Objectif ? Formuler – ou best case scenario : affiner – la stratégie pour 2025 et au-delà.
Dans l’univers tech, où l’innovation et la rapidité d’exécution sont reines, la stratégie produit est la clé de voûte du succès business. À tout instant, un nouveau venu peut chambouler la donne. Dans ce contexte mouvant, une stratégie produit bien ficelée, guidée par les données et adaptable, peut faire la différence entre growth et échec.
Pourtant, après 20 ans à accompagner diverses entreprises, je constate que la formulation d’une stratégie efficace reste un défi majeur. Tout le monde en parle, mais quand il s’agit de le faire … Comment relever ce challenge ?
Inspiré par les enseignements de Richard Rumelt dans son livre «Good Strategy / Bad Strategy» (à lire absolument si ce n’est pas déjà un de vos livres de chevet), je vous propose d’explorer les cinq piliers d’une stratégie produit percutante.
#1 – Un diagnostic clair : Le Sherlock Holmes du Produit
Imaginez-vous en Sherlock Holmes du produit, loupe à la main, à la recherche d’indices. Le premier pilier d’une stratégie produit qui fonctionne c’est un diagnostic précis des défis et opportunités. Il faut comprendre les besoins des utilisateurs comme si vous lisiez dans leurs pensées (sans la cape de superhéros, promis).
Rumelt dirait que c’est comme trouver l’aiguille dans la botte de foin des problèmes à résoudre. Par exemple, Netflix a pivoté de la location de DVD à la diffusion en streaming, en réponse à l’évolution des habitudes de consommation des médias.
Mon conseil pratique : Utilisez des techniques telles que les «5 Why» ou les «How Might We» pour creuser profondément et identifier la cause racine des problèmes que votre produit doit résoudre, et n’oubliez pas notre mantra : «data, data, data»
#2 – Une ligne directrice : le GPS de votre Produit
Une fois le diagnostic posé (et la migraine passée), place à la ligne directrice. La ligne directrice est un ensemble de principes qui orientent les décisions et les actions d’une organisation pour atteindre ses objectifs stratégiques. C’est votre GPS : il vous guide sans vous enfermer dans un tunnel. Flexible mais pas flou, comme un élastique de qualité.
C’est peut être l’élément le moins connu du kernel «Good Strategy», alors il mérite que l’on s’y attarde un peu.
Comment définir sa ligne directrice ?
- Analysez les data de votre diagnostic
- Définissez les priorités c’est à dire les domaines et activités clés sur lesquels votre organisation doit se concentrer (tip: «clé» ca veut dire qu’il ne doit pas y en avoir 50 … humm hummmm😆)
- Décrire clairement les actions, principes ou comportements spécifiques que l’organisation doit adopter.
- Communiquer efficacement : S’assurer que la politique directrice est bien comprise par tous les membres de l’organisation.
Une bonne ligne directrice …
- … doit être formulée de manière claire et précise pour éviter toute ambiguïté dans son interprétation.
- … doit aligner toutes les actions de l’organisation vers un objectif commun, évitant ainsi les efforts dispersés.
- … doit permettre une certaine flexibilité pour s’adapter aux changements de l’environnement externe.
- … doit se focaliser sur quelques priorités essentielles, évitant ainsi de diluer les efforts sur trop de fronts.
Rumelt cite l’exemple de George Kennan et sa politique de containment pendant la guerre froide. Pas sûr que Kennan ait pensé à l’appliquer à votre stratégie produit, mais bon, on prend l’inspiration où on peut ! Pour que cela soit plus parlant pour vous, voici un exemple concret pour une startup qui développe des applications de compta en mode SaaS :
- Diagnostic : Le marché est saturé d’applications SaaS génériques, et les clients recherchent des solutions personnalisées.
- Ligne Directrice : «Fournir des solutions SaaS hautement personnalisées pour répondre aux besoins spécifiques des entreprises de taille moyenne, en se concentrant sur une expérience utilisateur exceptionnelle et un support client réactif.»
- Actions :
- Développer des fonctionnalités modulaires qui permettent une personnalisation facile.
- Former une équipe dédiée au support client pour offrir une assistance rapide et efficace.
- Mettre en place des feedbacks réguliers avec les clients pour ajuster les produits en fonction de leurs besoins.
Mon conseil pratique : Rédigez votre politique directrice comme si c’était les règles d’un jeu de société cool. Claire, adaptable, et sans avoir besoin d’un dictionnaire pour la comprendre.
#3 – Des actions cohérentes : L’Orchestre Symphonique du Produit 🎶
Dans «Good Strategy / Bad Strategy», Richard Rumelt souligne l’importance des actions cohérentes pour transformer une stratégie en réalité : «execution beats strategy everytime»
Les actions cohérentes sont des mesures prises de manière alignée et synchronisée pour atteindre les objectifs stratégiques définis. Elles doivent être logiquement connectées et s’aligner parfaitement avec la politique directrice de l’organisation.
Les actions cohérentes, c’est comme diriger un orchestre symphonique. Chaque musicien (ou action) doit jouer sa partition en harmonie avec les autres. Pas de place pour le solo de triangle au milieu du concerto !
Southwest Airlines a réussi ce tour de force en alignant toutes ses opérations sur le modèle low-cost :
- Utiliser un seul type d’avion pour réduire les coûts de maintenance et de formation.
- Offrir des vols point-à-point plutôt que des hubs pour réduire les temps de correspondance et améliorer l’efficacité.
- Minimiser les services à bord pour réduire les coûts et simplifier les opérations.
Cet alignement a permis à Southwest Airlines de devenir l’une des compagnies aériennes les plus rentables et les plus efficaces au monde. Résultat ? Un succès qui dure plus longtemps qu’un vol transatlantique.
Qu’est-ce qui fait de «bonnes» actions cohérentes ?
- Alignement : Toutes les actions de vos équipes doivent etre alignées avec la stratégie globale et la politique directrice de l’organisation.
- Coordination : Les actions doivent être coordonnées pour éviter les efforts dispersés et maximiser l’efficacité et l’impact
- Concrétisation : Les actions cohérentes traduisent la stratégie en mesures concrètes et réalisables.
- Priorisation : Il est crucial de prioriser les actions qui auront le plus grand impact sur les objectifs stratégiques.
Mon conseil pratique : inspirez-vous des approches d’agilité a l’échelle qui fonctionnent vraiment – comme chez Spotify, en créant une organisation basée sur la confiance, l’autonomie des équipes produit, et des responsabilités clairement définies.
Voici quelques étapes pour y parvenir :
- Créez des équipes Produit autonomes et responsables de bout en bout de fonctionnalités spécifiques (oui : discovery + delivery + run)
- Ajoutez un layer le plus léger possible de coordination pour faciliter la synchronisation entre équipes travaillant sur des domaines similaires. (Flight level est une bonne approche pour cela)
- Vous pouvez utiliser l’approche OKR (Objective & Key Results) pour aligner les efforts des squads avec les objectifs stratégiques de l’entreprise
- Utilisez des outils et des rituels agiles (stand-ups, rétrospectives, etc.) pour assurer une communication ouverte et transparente entre les équipes.
- Faites confiance et donnez du pouvoir aux équipes : Donnez leur la liberté de prendre des décisions et de choisir leurs méthodes de travail, tout en alignant leurs objectifs avec la stratégie globale de l’organisation.
#4 – Ambition et réalisme : le marathon en mode Sprint
Fixer des objectifs réalisables à court terme, c’est comme courir un marathon… par tranches de 100 mètres. Ça crée une dynamique positive et permet de s’ajuster sans attendre d’avoir les pieds en compote.
Amazon a commencé par vendre des livres en ligne avant de vendre… eh bien, tout. C’est comme commencer par apprendre à marcher avant de participer aux Jeux Olympiques.
Mon conseil pratique : Découpez votre stratégie en morceaux aussi digestes qu’une pizza. Des jalons mesurables pour garder la motivation au top et ajuster le tir si nécessaire.
#5 – Adaptation et apprentissage continu : La Danse du Caméléon Tech
Dans le monde tech, être adaptable c’est aussi crucial que le café le lundi matin
Votre stratégie produit doit être capable de changer de couleur plus vite qu’un caméléon sur un arc-en-ciel. Les entreprises qui cartonnent, comme Apple, innovent constamment. Elles écoutent le marché comme si c’était le dernier album de leur groupe préféré.
Mon conseil pratique : Comme la formulation d’une stratégie est encore quelque chose de difficile et de douloureux, de couteux, beaucoup d’entreprises rechignent à la mettre a jour plus d’une fois par an (best case scenario) et du cop votre belle stratégie prend la poussière. Mettez en place un système de feedback plus régulier : évaluez, ajustez, recommencez. C’est le cercle vertueux du produit gagnant !
Avec mon collègue Mauricio Portilla nous avons créé une approche légère et efficace en mode «sprint» pour vous aider : contactez-nous !
Une stratégie produit qui déchire, c’est comme un sandwich parfait : il faut les bons ingrédients (nos cinq piliers) et savoir les assembler. Avec un diagnostic clair, une politique directrice, des actions cohérentes, des objectifs proches et une capacité d’adaptation, vous avez la recette du succès.
Alors, prêt à concocter la stratégie produit qui fera saliver vos concurrents ?
Suggestions de lecture (pour les soirées où Netflix vous lasse) :
- «Good Strategy / Bad Strategy» par Richard Rumelt – Le livre de chevet de tout stratège qui se respecte.
- «Lean Product and Lean Analytics» par Ben Yoskovitz et Alistair Croll – Pour les amateurs de produits au régime (lean).
- «Predictable Revenue» – Aaron Ross vous explique comment fixer des objectifs, réussir à convaincre des investisseurs ou encore planifier le trimestre à venir.
- «Stratégie Océan Bleu – Comment créer de nouveaux espaces stratégiques» de W. Chan Kim (incontournable)
- «L’entreprise invincible» d’Alexander OSTERWALDER
(de rien)